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2014 Niger. Charo ( Fête traditionnelle Peul) / Février. Illela. Niger

Mis en ligne le vendredi 25 avril 2014, par Abdoul Aziz Soumaïla

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Texte critique à propos du reportage sur la cérémonie animiste du Charo à Illela au Niger
en Février 2014 d’ Abdoul Aziz Soumaïla.
Une tradition et des rituels à l’épreuve du temps .
Abdoul Aziz Soumaïla était mandaté par une ONG franco-nigérienne, Tarbyya-Tatali en Février
2014. Il pensait poser son regard de musulman sur une tradition ancestrale et traditionnelle des
Peuls animistes dont parle Boubaca Hama Beïdi dans son oeuvre autobiographique Les traces de
ma mémoire . Traditionnellement cette cérémonie est organisée par la population Peul du Niger,
après les récoltes et le retour des troupeaux. Elle a pour but de prouver, sous le regard des femmes,
la bravoure des jeunes gens par des joutes orales et physiques , non simulées et violentes..
.
Les photographies d’ Abdoul Aziz Soumaïla en révèlent les récentes métamorphoses , et les
ambiguïtés.
Le ministère de la Culture des Arts et des Loisirs ,par le biais d’un Collectif pour la défense des
droits à l’Energie s’est emparé de cette tradition et intègre cette cérémonie au sein du Deuxième
festival de la Concorde et de la Cohésion Sociale dans l’intention d’apaiser les tensions historiques
entre les agriculteurs sédentaires et les éleveurs peuls nomades . On peut donc parler
d’instrumentalisation politique, d’institutionnalisation assumée . Les bonnes intentions de cette
politique sociale autorisent cette main mise sur cette population nomade .
Les photos témoignent : La nudité du corps disparaît sous le tee-shirt promotionnel et la bravoure
physique sous l’armure de protection imposée par les normes internationales . La témérité est donc
condamnée à être jouée, sur-jouée même et donne à la cérémonie une nouvelle théâtralité sous le
regard d’un nouveau public d’officiels politiques et militaires .
Il n’y a rien à déplorer : le réalisme initial du rituel a disparu ,mais il est mis en scène avec
l’énergie des jeunes hommes qui s’emparent de tous les accessoires de cette mascarade pour en faire
un « spectacle » devenu symbolique .
Dans ce désordre et ce mélange des genres les portraits jaillissent .Intenses. Impeccables . Des
icônes .Ils assurent la pérennité de l’identité peule à travers une évidente modernité . Les éléments
contemporains sont détournés et totalement intégrés à la parure aussi provocante que le regard
frontal adressé au photographe .
Que disent ces regards de l’avenir des Peuls ?
Sylvie Meunier

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